• Le rythme forcé des études prend le dessus ; un, deux, trois devoirs, entourés de magnifiques exercices, de rapports, d'oraux où l'on ne chante pas. On ne danse plus, on ne rit plus. On se plonge dans nos cahiers, dans des feuilles où l'on n'a plus le temps d'écrire notre vie, de dessiner. On s'efforce de ne plus respirer l'air de ce futur printemps, on s'efforce de rester éveillé sur ces chaises durcies par la déception.

    Les mouches, malgré le froid matinal, viennent déjà nous embêter sur les fenêtres, tournoyer autour de nos visages. Je ne me retiens alors pas de rêver. Je suis toujours enchantée de voir des mouches et des pâquerettes ; ça me fait penser à ces longs week-end où l'on plonge dans l'eau, où l'on pique-nique sur l'herbe sèche, où l'on cherche l'ombre. Cela me fait penser aussi à ses sons musicaux qui bercent nos étés, ces heures où l'on s'éclabousse le visage pour ne pas mourir, où l'on divague à cause de la chaleur.

    Cela me fait penser à la petite caravane au fond du jardin, à ce matelas dur qui nous attend, à Emeline et moi. Cela me fait penser à la plage brûlante, à ces touristes munis de leurs appareils photos qui s'émerveillent de tout. Je vois à travers les pâquerettes la douceur du printemps, la chaleur de l'été, l'inspiration au bord de ma fenêtre, les cigarettes qui partent en fumée...Je vois aussi l'eau qui descend sur la peau, nous apaiser de nos folies, aux cerfs-volants des enfants qui crient, à ces douches quotidiennent qui calment...

    J'en aurais alors fini de cette école aux allures collégiennes, à ces portails qui se ferment devant moi. J'en aurais fini de me sentir coupable, mal, et si laide, ... J'en aurais fini de sentir la haine de ces gens, dans leurs yeux qui crient, qui s'éternisent dans les malheurs...Je n'aurais plus peur de mon corps, je n'aurais plus peur de ce manteau qui recouvre également mon esprit et ma voix. Je retrouverais, comme chaque année, cette liberté, celle à qui je tiens plus que tout autre.


    6 commentaires
  • Demain, je vais pouvoir m'évader. Seule, ma guitare sur le dos, dans la voiture, les sacs qui se percent doucement, laissant trainer les affaires sur les graviers

    Demain, douce nuit. A deux. Je vais sentir à nouveau cette odeur de femme loin des ricanements du lycée. J'étais en boîte où il y avait de la techno, y'avait que des lesbiennes et des pédés !

    Même moi, je ris. Je ris jaune bien sûr. En quoi j'aime la techno et montrer mes fesses ? En quoi les homos aiment ça ?

    Les gens sont spéciaux finalement, ils n'ont jamais les mêmes paroles. Je ne fais confiance à personne au lycée, sauf deux ou trois amies...et les garçons, car les garçons semblent toujours moins hypocrites.

    Parfois je me dis que les filles sont hypocrites envers leur propre personne, ou qu'elles ne savent rien ? ou qu'elles vivent selon les autres ? Toutes ont les mêmes centres d'intérêts mais avec une particularité pour ne pas plonger dans la conformité.

    Toutes papillonnés de rubans, de noeuds verts, sentant le même parfum de saison ; très cher. Toutes vêtues de ces immenses ceintures à perles, à paillettes, de bagues dorés, toutes à penser aux discothèques, aux rugbymen et leurs pectoraux d'acier.

    Je fais mes valises et demain, je ne serais plus là pour trois jours...Bises


    1 commentaire
  • Visiblement, mes dernières dents poussent...Les dents de sagesse. Pourquoi sagesse ? Parce qu'on les a vers la fin de l'adolescence ? Et que désormais, je serais sage ?!

    Ce soir, anglais, chimie, rapport de stage. Je ne peux pas écrire avec tout ça. Je ne peux rien faire. J'ai dormi tout l'après-midi. On me regardait à travers le trou de la serrure, j'ai horreur d'être observée. D'être taquinée.

    Cette nuit, je ne dormirais pas. Il faudra que j'écrive, que je copie mille et une choses, que je lise quelques mots. J'écouterais le silence, c'est bien d'écouter le silence. Ca m'apaise. Ca apaise et je n'ai pas peur.

    Peur de la pression. Peur de la distance. Peur de ne pas réussir.

    Bises


    votre commentaire
  • Les nuages formaient comme un volcan tout à l'heure. Cela me fait penser à quelqu'un. Je m'émerveille vraiment devant rien. Dehors, dans le froid, et seule, je fume et je lis. Comme ça, je sais que personne ne m'ennuiera. Coralie, ceci, Coralie cela, alors tu es bisexuelle ou lesbienne ?

    Je n'en sais rien, et je m'en moque. Un peu. Je ne saurai jamais. J'aime Line, que voulez-vous que je dise de plus ? Mais quand vous aurez rompu ? Pour l'instant, on est bien ensembles...ça ne sert à rien de se poser des questions...

    J'adore les mots, je déteste les chiffres. Je vais devoir me plonger dans ces nombres, ces courbes, ces fonctions, ... J'en ai horreur. Pour moi, c'est du chinois.

    J'ai la flemme.


    votre commentaire
  • Les arbres ont perdu de leurs feuilles, les oiseaux se cachent derrière ce vent, nous à l'intérieur, on se protège de cette pluie qui glace la peau. Sortant mon tabac et une petite feuille, je fume quelques minutes, les mains serrées contre mon visage, pour ne pas trop me mouiller. L'eau m'étire la peau, je n'aime pas ça. Je fume sur le rebord d'une fenêtre, seule en regardant les arbres faire de vifs mouvements.

    Enfant, on nous fait croire que ce sont les arbres qui font le vent. Que ce sont les arbres qui par leurs forces démarrent les tempêtes. Que ce sont les nuages qui remplacent le soleil lorsque celui-ci n'est pas là. Que le soleil est le plus fort, le plus beau. Que les enfants peuvent être des rois en faisant des courses avec des nuages, des vagues...ça, c'est autre chose, juste un livre qu'on me lisait à l'école. Pitou, l'enfant roi...

    On lisait des contes certains après-midi. Moi, je n'écoutais pas souvent, j'aimais bien faire mal aux enfants. C'est curieux mais j'appréciais de faire saigner une fille en la grattant. J'aimais bien tirer les cheveux jusqu'à la faire crier. J'aimais bien faire mal, petite. Tous les enfants sont un peu pervers, c'est ce que m'a dit ma psy.

    Je l'ai bien vu hier, avec ces trois enfants qui m'ont épuisé...


    4 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires