• Imagination

    Un été de fortes chaleurs, je longeais, accompagnée d'Eric, un chemin humide au bord d'un lac. Notre colonie de vacances jouait à des jeux stupides. J'entendais leurs sombres échos qui nous appelaient. Nous, on se cachait derrière un buisson, derrière des bottes de terres immenses, plongeant les pieds dans l'eau. Eric qui distingua ma larme couler au bord de mes joues rougies me tendit une bouteille d'alcool. Assis dans ce bois qui donnait vu, au loin, à ce lac pollué, à ces gens qui marchaient vides de vie, on entreprit de vider la bouteille.

     

    L'alcool descendit me brûler jusqu'au fond de la gorge, et la sensation d'ivresse qui suivit ne fut qu'un simple évanouissement. Eric me tenait fortement par la taille et chuchoter alors des mots, des mots si sourds que je n'en compris pas la moitié. A ce même moment, une fille au loin serrait ses bras contre son poitrail. Elle portait une fine tenue, qui me fit discerner un corps fin et charmant. Un corps d'une délicatesse exemplaire, presque parfait, et qui me fit désormais réfléchir sur les mains d'Eric, grosses et violentes qui secouaient ma poitrine. Eric se détacha de moi, sentant que je suais de sa présence.

    _Je sais que tu n'aimes pas les garçons, lança-t-il.

    Je fis les gros yeux, comme étonnée de cette nouvelle qui me touchait profondément. En distinguant la fille au loin, il partit vexé dans sa fierté d'homme. Il se sentait trahi par le sentiment que j'éprouvais soudainement pour cet ombre légère qui voguait dans l'air. On aurait dit qu'elle valsait, qu'elle flottait au-dessus de mon corps et je compris que l'alcool me taquinait encore.

     

    Elle se rapprochait peu à peu de moi. Ce visage ne m'était pas étranger, je reconnus Julia, petite et mince. Elle avait l'air si peu sûre d'elle la première fois que je l'ai vue. Pourquoi tout à coup, me paraissait-elle si belle ? Si confiante envers son corps ? Elle s'assit près de moi et me lança un sourire crispé, mêlé à de la peur. Soudain, elle attrapa ma main pour la caresser et me dit craintivement :

    _Apprends-moi à faire l'amour.

    Pétrifiée, je sortis ma paume de ses petits doigts fins. C'est qu'autrefois, je ne savais pas faire. Quel âge a-t-elle, me demandai-je, perdue. Quinze ans, et moi dix-sept. Je la sentais fragile et forte. J'entourai son corps par mes bras costauds, l'air d'un homme et le serrai un peu plus fort, pour lui témoigner de mon affection. Elle ne parla pas et m'étreignis doucement, comme si ses lèvres étaient de simples pétales caressant mon visage et ma peau.

     

    Ses mains qui empoignaient les miennes, me remplirent de caprices. Sa peau rose semblait délicieuse, aussi douce que la soie de ma mère. Je sentis son souffle haletant vers moi, me causant d'innombrables envies de faire ce qu'elle me demandait. Avec douceur, mais avec sauvagerie aussi. Je ne devais pas la briser, je devais seulement la laisser tomber sur cette herbe élevée, qu'elle puisse doucement rêver de ce plaisir.

    _Apprends-moi à faire l'amour ! répétait-elle, en tirant de toute sa force mon débardeur qui s'étirait.

    A force d'insistance, je la couchai le long d'un arbre fendu, sur une touffe d'herbe épaisse qui lui chatouillait le cou. Comme s'il s'agissait d'une poupée fragile, je lui défis ses vêtements avec délicatesse. Ne jamais la blesser, juste l'embrasser et occuper son esprit pour ce moment de bonheur. Pour ce plaisir.

     

    Nous étions peu recouvertes dans cette chaleur. Je lui débarrassai de ses fines tresses avec mes doigts qui glissaient sur sa peau. Comme elle le souhaitait, je lui appris ce qu'elle ferait désormais à une autre fille. Elle me serra plus fortement, toujours en insistant, toujours en disant que je sais faire, que personne ne pourrait lui donner tant d'amour et de plaisir...A cette parole, je me sentis secouée. Eric, sur moi, m'embrassait le cou avec envie et s'écria :

    _Tu t'es endormie alors que tu voulais faire l'amour ! Tu ne tiendras donc jamais l'alcool ! Regarde-toi, mollassonne !

     

    Au loin, après avoir remis ma jupe, j'aperçus Julia qui lisait, seule sur un petit rocher et qui ne me regardait pas.

  • Commentaires

    1
    Vendredi 17 Février 2006 à 23:41
    Imagination
    tu écris bien, toi, madame la plume :)
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    2
    Samedi 18 Février 2006 à 10:23
    oh
    merci mme verte... :)
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