• Peinture : Anne-Marie Galtier

    Bientôt, la route seule, musique, cigarettes, papiers qui traînent sur les sièges, feuilles remplis de mots inutiles et ma petite amie dans mes bras !

    Aujourd'hui, j'esquive le repas de famille. Je fuis les regards de ces messieurs-mesdames du même sang que moi. Celle qui me ressemble le plus est là, qui me sourit, qui se moque. Que c'est moche ton collier. Je ne sais pas pourquoi je ne supporte pas ces réflexions. Parce que je ne dis rien sur eux. Je ne leur dis pas que je n'aime pas leurs grosses bottes enveloppés de fourrure. Que je n'aime pas leurs bijoux dorés qui reflètent au plafond. Ni leur cheveux savonnés par de longues crèmes qui donnent de faux effets.

    Profonde colère que j'enfouis sous un sourire crispé. Je ne veux ni partir, ni rester. Je suis indécise et blanche, et ça se voit. Que tu es blanche, Coralie. Qu'est-ce que j'ai ? J'aimerais leur faire profiter de ma délicate passion mais je m'en vais. Sortez vos voitures que je m'en aille, rejoindre ces gens qui eux, fument et boivent toujours.

    Timide, je veux reculer, dans les réunions je me tais. Je vois une foule de gens entrer dans ces portes étroites, des gens tous un peu excentriques. Les musiciens, rockers, drogués, métalleux, alcooliques, introvertis, tout y passe. Que dois-je faire ? Moi aussi j'aime la musique et la guitare surtout. J'aime les sons qui m'envahissent. J'aime leurs voix quand ils parlent. Les questions budgétaires qui passent par des questions politiques. Moi qui ne parle jamais, c'est curieux, j'ai l'impression de tout comprendre.

    Quand je rentre, le soir, je n'ai qu'une envie. Revoir ma marraine, qu'elle me resserre à nouveau contre elle, comme avant. Et qu'elle sourit lorsque je lui tends le livre que j'ai terminé. C'était si bien, cela ne fait qu'une heure que j'ai terminé ! Tu verras qu'il est génial ! Mais quand je rentre, elle n'est pas là, elle a repris le livre que je serrais contre moi, que je serrais pour me réconforter.

    Comme j'écris sur du papier pour ignorer le rugby, tout le monde se pose des questions sur les gauchers. Et comment ils font ? Mais c'est bizarre ? Et tu écris parfois de la main droite ? Tu y arrives bien ! Des interrogations que j'entends depuis des années. 

     Et puis, après tout, c'est un dimanche ordinaire.


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  • " L'amour n'est que le roman du coeur, c'est le plaisir qui en est l'histoire."

    Beaumarchais


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  • J'avance dans le froid, la cigarette à la bouche, j'ai peur...Je fais les cents pas devant la voiture. Hier soir, je comptais. Je tapais 40 fois sur mes genoux. Je me suis fait une petite griffure ; comme ça, j'aurais mon permis.

    Comme si ces gestes inutiles changeraient ma vie...Sans y croire, je monte dans la voiture qui me mènera à ce dernier examen, celui pour lequel je porte grand intérêt. Je tremble, ma voix est sourde, je voudrais retourner en arrière.

    Je vois l'inspecteur à côté de moi. C'est le même que la dernière fois, un côté un peu froid, mais un côté très compréhensif ; un bon inspecteur ? Mon corps est de plus en plus apeuré, si je pouvais, je partirais en courant mais je ne joue pas la lâche. Je démarre.

    ...

    Seulement, les larmes de mon amoureuse m'ont fait du mal. Et maintenant, j'ai des traces de ma violence sur les bras. Comme il y a un an.


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  • Des feuilles traînent sur les bureaux, des feuilles de cours...Des dossiers à rendre. Des rapports de stage. Des notes soulignés en rouge, des copies déchirées par la colère.

    Demain, j'aurais un costume, chemise blanche, chaussures cirées... Je joue Gaston au théâtre, un amnésique de la guerre.

    Mais ce soir, il me faut m'entraîner. Alors, à demain !


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  • Le neige fond peu à peu. Il en est bien tombé 15 centimètres hier. Ma famille se croyait à la neige, préparait les bonnets, les luges, il ne manquait plus que la tartiflette. Le soir :

    " Regarde Coralie, on dirait un chalet avec tous les vêtements, les chaussettes, les bonnets qui traînent sur les chaises..."

    Je ne les suis pas dans leurs périples, la luge, les amis, les fous-rires. Je dois travailler, je viens de retrouver un intérêt pour ma formation, un intérêt à mon travail et à mes passions. Je ne peux pas me laisser prendre par des jeux.

    Je me laisse cependant prendre par la peur des chiens, ces chiens qui me menacent à travers des murs et des barrières. Je me laisse prendre par la peur du noir où je vois encore ces tâches blanches. C'est une façon de rester dans mon esprit enfantin.

    A l'adolescence, on dort avec des peluches, et on embrasse les garçons (ou les filles) A l'adolescence, on mange des bonbons à la fraise et on fume. On a peur de tout mais on ose tout. On veut papa et maman avec nous mais on les rejette...On est con, au fond...


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