• Image : Jean Rigaud


    Journée ensoleillée, journée de chaleur comme on en rêve l'été. L'été qui approche mais qui semble encore si loin. Journée de maux de tête encore. Patience, me dit-on, tu retrouveras bientôt ta tête rougie par le soleil comme tu as chaque année. Tu retrouveras aussi les boutons de moustiques qui te démangent tout l'été. N'oublie pas qu'à cette saison, tu manges des glaces toutes les soirées, de ces grosses glaces chocolatées, devant le téléviseur, sur un port ou dans un concert.

    Que ça me donne envie tout ça. Et mon amoureuse qui en rajoute toujours. Je voudrais, je voudrais, je voudrais...On rêve de milles choses, doit-on continuer ou c'est trop dangereux ? Rêver, tomber dans un trou noir, avoir peur après de chaque moment. J'aimerais savoir profiter de chaque moment, de mon présent mais comment ? Nous sommes obligés d'apprendre et d'écouter ce qu'on nous dit. En classe, on fait des pendus, des blagues, on lance des papiers comme au primaire. On joue au Morpions et on rentre à la maison, déçues de la journée inutile que l'on vient de vivre.

    J'aimerais bien arrêter les cours, demain.

    7 commentaires
  • Il fait beau, ça donne envie d'étudier sur la table. De fumer une petite cigarette et de faire envoler les cendres et la fumée dans le trou pour le parasol. Cela donne envie d'attacher les feuilles de cours à des ballons gonflés à l'hélium. Ou bien, de s'éloigner avec eux dans cette campagne sans fin.

    J'ai perdu l'habitude de rester si souvent chez moi. J'ai perdu l'habitude de supporter les sarcasmes des parents. Tout est de ma faute ; les CD perdus, les cheveux sur le sol, les saletés sur les bureaux, les traces de doigts sur la table du salon. J'ai horreur de ces week-ends.



    Maintenant, on rentre le linge à l'intérieur du salon, on se précipite aux fenêtres pour regarder les premières gouttes de pluies tombées. Le temps est finalement un peu comme les humains ; il ne sait pas ce qu'il fait...ce qu'il doit faire ou ce qu'il veut.

    J'ai envie de quitter tout ça. Et puis, ces cauchemars, j'en ai marre de ces cauchemars.

    7 commentaires
  • Il tonne. Il pleut. Il fait soleil. Il vente. Il fait soleil.

    J'ai réussi quelque chose dans ma vie ; partir à l'aventure avec mon amoureuse. Nous étions dans des champs, nulle part, autour de bois tombés sur les chemins de terres boueux, de bois sciés et rangés un par un, l'un sur l'autre. Il y avait des pâquerettes, des chemins de toutes sortes, personne sur la route, seulement nous et une femme avec son chien. J'avais envie de la serrer fort dans cette nature qui change toute personne ; il y fait si calme, et ça sent si bon. Ça me change de ces cahiers. De mes douleurs. De mes peurs. Je vais écrire ; je pars écrire.


    2 commentaires
  • On avait dit qu'on le ferait. Qu'on se poserait sur l'herbe après l'examen de Français. Qu'on fumerait cette cigarette qui fait rire, comme l'appelle souvent les parents. J'ai couru tout ce matin pour trouver du tabac. J'ai dû mentir, partir tôt, j'ai dû utiliser de l'essence, pour rien. Il fallait tout de même que je fume ; c'est le seul plaisir de la journée.

    Je n'arrive pas à rêver, ni à écrire. Je pense à ces mots, je les tords, les regarde, les lis, je les délaisse, je les envie. Mais rien ne vient, rien. Mon ordinateur est éteint, j'allume cette petite lampe qui donne un air oranger à ma chambre, je prends ma guitare, quelques accords ; Do, Ré, La, Si... Les feuilles se sentent seules, les cahiers, vides.

    Je suis un peu comme eux.


    2 commentaires
  • On se rejoint tous devant la salle. Les gens ont déjà bu et nous sommes en retard. Surtout, on se répète : celui qui conduit, c'est celui qui ne boit pas. Les gens crient, chantent faux, dansent, s'enlacent et montrent leurs fesses. Je n'aime pas cette ambiance, ce décor, ces paillettes et ces bouteilles qui gisent. Je regarde une amie, elle me tend un sourire. A plusieurs, on va dehors, dans le froid pour hurler, crier. On n'y voit rien, j'ai toujours peur de tout, du noir, des chiens. Mais pas de ça. Dans la voiture, on fait brûler ce petit carré marron. J'aime cette odeur, le calme qui règne dans la voiture. J'aime voir cette grande feuille se remplir de ces particules.

    On est plusieurs, les uns sont bourrés, les autres sobres. Je suis calme, j'ai seulement envie de tirer, de me calmer, de ne plus avoir peur, d'oublier comme ils disent. On se met en rond, dans le noir, sur la route. On dit qu'on fait les Indiens. Le joint passe de mains en mains, de bouches en bouches. Il faut que je tire, plus que les autres, sinon je m'ennuierai encore. La fumée blanche envahit mes poumons. Je tire encore, rapidement, bien, puis donne aux autres à contre-coeur. Quel égoïsme ! Je finis tout de même le joint, tout le monde est déchiré, pas moi. On m'avait promis de l'herbe. Une herbe magique qui te rend fou. Mais il n'y en a pas. On se contente de ce petit bout.

    Je m'assoie, mes yeux tombent de fatigue. Mon corps n'est plus qu'un chiffon. Faites de moi ce que vous voulez désormais. Les autres dansent pour évacuer, je les observe, je les prends en photo. Je m'amuse à ça. Je m'amuse toujours, même quand je m'ennuie.


    3 commentaires