• Photo : Festival After Before

    Hier soir, la pluie nous éclabousse ; nous attendons de passer une bonne soirée. On entre à deux dans le Centre Culturel. Seuls une dizaine de personnes sont là. Il fait plus chaud que dehors, la musique lointaine me prend déjà au coeur. Les concerts me redonnent le goût de vivre, et confiance. Pourtant, mes pieds tremblent, mes jambes aussi lorsque je me mélange au pas des autres. Tout mon corps, emporté par le rythme calme, semble se diviser. Je vole. Peu à peu, je ferme les yeux. C'est ça la musique, fermer les yeux, se faire bercer par ces guitares, ou ces machines infernales, et puis se taire, crier, siffler, boire, fumer...

    Mon ami est près de moi, tantôt épuisé, tantôt joyeux, qui danse doucement, qui se laisse lui aussi descendre dans cet univers de La, Sol, Do...J'aime les gens qui hurlent, qui sautent, qui lèvent les bras pour rien, qui ne savent plus s'ils doivent rire ou pleurer. J'aime les gens qui se traînent par terre en criant, en s'accrochant aux pieds de la chaise pour se remettre debout. J'aime les gens dont les yeux ne suivent plus la tête, qu'ils tournoient d'un côté, d'un autre, qui piquent le shit dans les poches de leurs amis. J'aime aussi ces longs baisers, ces câlins des amoureux, qui rient, qui ont l'air les plus heureux...

    On va s'asseoir, épuisés. La musique me donne chaud, la fumée use mes yeux. On fume un peu, mais on a rien pour faire tourner la tête. Tant pis, on se contente de ce tabac qui gise peu à peu dans la poche. Comme des enfants, on s'amuse avec nos briquets que nous venons d'acheter ; un orange pour lui, un vert pour moi. Parfois, on ne parle pas, on observe les pas décidés des gens qui ont bu, des gens qui ont pleuré, des gens qui ne termineront pas bien la soirée. Je pense à mes parents qui auraient peur de voir dans quel monde nous vivons aujourd'hui.

    De ma place assise, j'aperçois deux jeunes filles, enlacées qui s'embrassent fougueusement. De cette même place assise, mon corps se met à trembler, de peur, de surprise et d'envies...Les jeunes filles, comme pour narguer tout le monde, continue leur baiser au rythme lent de la musique. Je ne savais pas que c'était si beau. Je ne savais pas que ça semblait si doux. J'imagine les doigts qui glissent sous leur peau, leurs respirations qui s'accélèrent par le désir, les ... Je suis comme elles, me dis-je. Une joie vient s'engouffrer au fond de mon estomac, une joie d'avoir le privilège de vivre ce qu'elles vivent.

    Je n'ai rien compris ; mais depuis ce matin, je suis heureuse.


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  • Une envie de changement me prend ce matin. Je débarrasse le bureau, les papiers qui traînent, les livres qui tapissent la chaîne hi-fi, la table de chevet... J'enlève tout : cours, papiers, lettres d'autrefois, ... La poussière inonde la pièce, les placards, j'ai horreur de la saleté, j'ai horreur de laver aussi. Je commence à imaginer ma chambre d'une façon particulière, le lit à droite, l'armoire à côté, la bibliothèque à côté des bureaux...Je change tout.

    On dirait que ma chambre est immense aujourd'hui. On dirait que je suis petite à côté de cette pièce. Cet après-midi, je ne pourrais pas boire puisque je conduis. Ce soir, devant cette scène, devant ses guitares qui crient leur haine, je n'aurais pas de verres. Je n'aurais que la cigarette et ma mère déteste ; "Avec tout ce que tu vois et tu entends, comment peux-tu encore fumer ? Tu as vu dans quel état est..."

    Et moi, je ne veux rien écouter.


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  • Sous la pluie qui humidifie mon visage, je marche vers une dune. Une dune de sable qui réchauffe mon corps et ma tête. Une dune où j'aperçois au loin des chameaux, des dromadaines ou que sais-je encore...

    En avançant un peu plus, le sable brûle mes pieds que j'ai défait de mes chaussures et je m'avance vers un étang d'eau si bleu, que je ne le crois pas. Une eau où je me plonge, comme un poisson, nageant nue, sentant l'eau me chatouiller chaque partie intime de mon corps. Je peux toucher les poissons, même les plus dangereux, rester sous l'eau sans tuba, sans rien, pour observer le monde marin.

    Les gouttes de cette douche singulière ruissellent maintenant sur la terre sèche, et je vois d'étranges couleurs, des gens qui dansent, qui rient, qui s'émerveillent de tout. J'aime les couleurs de ces pays d'Afrique, et cette gaieté qui me fait sourire. Je suis seule, ou avec mon amour, dans ces terres, nageant, plongeant, nue ou vêtue d'immenses robes.

    Soudain, je vois mon arrêt de bus, ma voiture garée qui patiente depuis ce matin. C'est l'heure de rentrer à la maison, c'est l'heure de ne plus rêver...


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  • Comme tous les jeunes qui passent leur bac, je vais fêter le Persan. On va tous arriver vêtus des plus terribles costumes, avec une ridicule allure...Châpeau, jupe fendue, pyjama, gothique, hippie, homme, femme, tout y passe. Jusqu'aux fées masculines, jusqu'aux footballeuses américaines, ou femmes des années 80.

    Cela nous fera oublier un instant, les lourds discours des professeurs sur l'orientation, l'argent, et encore l'argent. Cela nous fera oublier les copies blanches rendues, les notes qui détruisent l'envie de réussir. Quant à moi, ma fierté n'est plus. Finis les heures à croire que j'aime étudier, finis les heures à penser que je pourrais y croire, finis les heures où on m'encourageait dans ma réussite. Mes notes ne sont qu'une copie de celle de mon amie.

    Demain je ne dormirais plus désormais le mercredi après-midi, affalée sur le lit. Demain, je ne regarderais plus que ma vraie copie. Demain est un autre jour. Et demain, moi, je m'amuserais.


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