• Les arbres ont perdu de leurs feuilles, les oiseaux se cachent derrière ce vent, nous à l'intérieur, on se protège de cette pluie qui glace la peau. Sortant mon tabac et une petite feuille, je fume quelques minutes, les mains serrées contre mon visage, pour ne pas trop me mouiller. L'eau m'étire la peau, je n'aime pas ça. Je fume sur le rebord d'une fenêtre, seule en regardant les arbres faire de vifs mouvements.

    Enfant, on nous fait croire que ce sont les arbres qui font le vent. Que ce sont les arbres qui par leurs forces démarrent les tempêtes. Que ce sont les nuages qui remplacent le soleil lorsque celui-ci n'est pas là. Que le soleil est le plus fort, le plus beau. Que les enfants peuvent être des rois en faisant des courses avec des nuages, des vagues...ça, c'est autre chose, juste un livre qu'on me lisait à l'école. Pitou, l'enfant roi...

    On lisait des contes certains après-midi. Moi, je n'écoutais pas souvent, j'aimais bien faire mal aux enfants. C'est curieux mais j'appréciais de faire saigner une fille en la grattant. J'aimais bien tirer les cheveux jusqu'à la faire crier. J'aimais bien faire mal, petite. Tous les enfants sont un peu pervers, c'est ce que m'a dit ma psy.

    Je l'ai bien vu hier, avec ces trois enfants qui m'ont épuisé...


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  • Un livre peut-il changer l'existence ?

    Depuis que ma marraine m'a offert un livre pour mes 18 ans, ma passion pour la lecture et l'écriture a triplé. Maintenant, je ne pense qu'à ces mots, soit écrits sur du papier noir sur blanc par des professionnels, soit écrits par une main maladroite.

    Depuis qu'elle a lu le livre aussi, la voilà soudainement accroché à ces 600 pages qu'elle a parcouru en seulement 4 jours. Depuis, on se dispute le livre, elle veut le garder près d'elle, moi je veux le reprendre mais je le lui laisse car ça réchauffe son coeur.

    Elle dit qu'il lui permet d'oublier tous ce flux d'angoisse qui revient dans la famille. Pas étonnant que je fuis les repas familiaux, je ressens cette angoisse aussi fortement que les autres, peut-être plus. Alors je veux partir, m'enfuir...C'est sans doute lâche, mais que puis-je faire ? Mon parrain s'enterre peu à peu dans une vie morose, sa vie à lui. Dans son secret, il s'enferme et moi, je n'attends plus que son sourire et ses bras. Reviendra-t-il à lui un jour ?

    C'est ici qu'on a peur de rentrer dans sa vie adulte.


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  • Un été de fortes chaleurs, je longeais, accompagnée d'Eric, un chemin humide au bord d'un lac. Notre colonie de vacances jouait à des jeux stupides. J'entendais leurs sombres échos qui nous appelaient. Nous, on se cachait derrière un buisson, derrière des bottes de terres immenses, plongeant les pieds dans l'eau. Eric qui distingua ma larme couler au bord de mes joues rougies me tendit une bouteille d'alcool. Assis dans ce bois qui donnait vu, au loin, à ce lac pollué, à ces gens qui marchaient vides de vie, on entreprit de vider la bouteille.

     

    L'alcool descendit me brûler jusqu'au fond de la gorge, et la sensation d'ivresse qui suivit ne fut qu'un simple évanouissement. Eric me tenait fortement par la taille et chuchoter alors des mots, des mots si sourds que je n'en compris pas la moitié. A ce même moment, une fille au loin serrait ses bras contre son poitrail. Elle portait une fine tenue, qui me fit discerner un corps fin et charmant. Un corps d'une délicatesse exemplaire, presque parfait, et qui me fit désormais réfléchir sur les mains d'Eric, grosses et violentes qui secouaient ma poitrine. Eric se détacha de moi, sentant que je suais de sa présence.

    _Je sais que tu n'aimes pas les garçons, lança-t-il.

    Je fis les gros yeux, comme étonnée de cette nouvelle qui me touchait profondément. En distinguant la fille au loin, il partit vexé dans sa fierté d'homme. Il se sentait trahi par le sentiment que j'éprouvais soudainement pour cet ombre légère qui voguait dans l'air. On aurait dit qu'elle valsait, qu'elle flottait au-dessus de mon corps et je compris que l'alcool me taquinait encore.

     

    Elle se rapprochait peu à peu de moi. Ce visage ne m'était pas étranger, je reconnus Julia, petite et mince. Elle avait l'air si peu sûre d'elle la première fois que je l'ai vue. Pourquoi tout à coup, me paraissait-elle si belle ? Si confiante envers son corps ? Elle s'assit près de moi et me lança un sourire crispé, mêlé à de la peur. Soudain, elle attrapa ma main pour la caresser et me dit craintivement :

    _Apprends-moi à faire l'amour.

    Pétrifiée, je sortis ma paume de ses petits doigts fins. C'est qu'autrefois, je ne savais pas faire. Quel âge a-t-elle, me demandai-je, perdue. Quinze ans, et moi dix-sept. Je la sentais fragile et forte. J'entourai son corps par mes bras costauds, l'air d'un homme et le serrai un peu plus fort, pour lui témoigner de mon affection. Elle ne parla pas et m'étreignis doucement, comme si ses lèvres étaient de simples pétales caressant mon visage et ma peau.

     

    Ses mains qui empoignaient les miennes, me remplirent de caprices. Sa peau rose semblait délicieuse, aussi douce que la soie de ma mère. Je sentis son souffle haletant vers moi, me causant d'innombrables envies de faire ce qu'elle me demandait. Avec douceur, mais avec sauvagerie aussi. Je ne devais pas la briser, je devais seulement la laisser tomber sur cette herbe élevée, qu'elle puisse doucement rêver de ce plaisir.

    _Apprends-moi à faire l'amour ! répétait-elle, en tirant de toute sa force mon débardeur qui s'étirait.

    A force d'insistance, je la couchai le long d'un arbre fendu, sur une touffe d'herbe épaisse qui lui chatouillait le cou. Comme s'il s'agissait d'une poupée fragile, je lui défis ses vêtements avec délicatesse. Ne jamais la blesser, juste l'embrasser et occuper son esprit pour ce moment de bonheur. Pour ce plaisir.

     

    Nous étions peu recouvertes dans cette chaleur. Je lui débarrassai de ses fines tresses avec mes doigts qui glissaient sur sa peau. Comme elle le souhaitait, je lui appris ce qu'elle ferait désormais à une autre fille. Elle me serra plus fortement, toujours en insistant, toujours en disant que je sais faire, que personne ne pourrait lui donner tant d'amour et de plaisir...A cette parole, je me sentis secouée. Eric, sur moi, m'embrassait le cou avec envie et s'écria :

    _Tu t'es endormie alors que tu voulais faire l'amour ! Tu ne tiendras donc jamais l'alcool ! Regarde-toi, mollassonne !

     

    Au loin, après avoir remis ma jupe, j'aperçus Julia qui lisait, seule sur un petit rocher et qui ne me regardait pas.

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  • Affalée sur le lit, je n'ai qu'une envie c'est de prendre une feuille et de tout écrire. Il est minuit et je suis épuisée. Douce, Line dépose sur mes genoux son ordinateur, sentant que mon estomac se contracte par ma colère. Colère qui vient d'un rien, colère qui me serre...Je passe sous les draps, et crie. Je ne peux pas écrire ici, il y a du bruit, de la lumière, il y a que je ne suis pas inspirée ! Quel malheur de n'être point inspirée, ce soir.

    Line s'enfuit, jouant un peu plus loin et seule. Que dois-je faire ? Je pleure sous les draps, sans le dire, sans le montrer. Ses bruits résonnent, causant une colère plus forte, une douleur au ventre. Je lance une phrase, sans honnêteté, juste pour vexer comme je sais le faire. Line se lève, posant sans délicatesse l'ordinateur qui se ferme sur le choc, et s'empare de ses clefs pour s'enfuir.

    _Pars pas !

    Elle n'a le temps d'entendre ma voix qui tremble, que la porte claque, bruit qui détruit. Je suis en chemise de nuit, le calvaire de ma petite nuit commence juste. Je dois retrouver Line, je dois sentir à nouveau sa peau contre moi. Il faut que je courre.

    Je reste allongée, bêtement, appelant sur son téléphone que je vois finalement posé sur le chevet. Dans le froid, sous la pluie, je pars finalement la chercher. Cette fois, ce n'est plus la colère en moi, c'est la peur. A gauche ? A droite ? A la cathédrale ? Où est-elle partie ? Je suis incapable d'avancer. Je la vois partout. Son ombre vogue dans la nuit. Je l'imagine partie plus tôt. Je l'imagine cadavre flottant sur le fleuve. Je l'imagine sentant l'odeur infecte de mort. Non ! Je prends la voiture, je longe les quais où je ne vois personne. Seulement quelques voitures qui gisent. Je ne veux pas voir ça. Je rentre et j'attends dehors.

    La voilà sur les escaliers. Je suis soulagée de revoir ses bras, sa veste qui lui serre les bras. La porte de verre nous sépare. Elle ne doit pas savoir pourquoi j'ai lancé ces mots. Des mots méchants, des mots qu'on ne dit pas. Je suis à genoux, devant la porte, ouvre-moi. Je m'excuse, j'ai besoin de toi. Elle ne me regarde pas, je l'ai perdu, pense-je.

    Dehors, je suis dans le froid. Je veux vomir, je tremble, je ne parviens plus à bouger. Elle lance les clefs sur le sol. Je dois les prendre et revenir. Elle ne me jettera pas. Elle ne me regardera pas non plus. Je pleure dans ses bras, la serre fort. Je tremble, je pleure, je pleure. Elle me dit qu'on restera ensemble.

    Je lui dis que je l'aime.


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  • Enfin...Je repars. Je voudrais un grand ciel bleu, des promenades, des moments d'amour, de peur, la vie quoi...!

    Oui, je rejoins un petit ange, tout léger, tout mignon, qui est apparu dans ma vie une fois. Une fois, tout a dérapé. Les mots écrits sur du papier, des mots surprenants que je n'imaginais pas. Puis, un baiser, enfin un autre, des caresses le long du corps.

    Les adieux sur les quais, la musique au bord du fleuve, les jambes qui tremblent, sa bouche timide. Mon corps semblait devenir homme, puis j'ai repris de ma féminité, un peu...Un peu oui.

    A jeudi...!


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